1891-07-13

Paris le 13 juillet 1891

Cher Monsieur & ami

Je voulais vous écrire depuis la fermeture du Salon au sujet de
l'oeuvre de Chapu. Je suis tellement brisé de fatigue le soir
après mon travail que j'ai un peu tardé à le faire. Nous avons
vu, Mercié , Falguière et moi, le marbre de la statue de la
Princesse de Galles & nous sommes tombés d'accord pour penser
que certaines petites retouches devaient être faites à l'oeuvre
avant de vous l'expédier. Vous pouvez être certain que nous
ferons pour le mieux.

Je vais expédier à votre adresse une répétition en bronze du
buste que Falguière a fait de moi. J'espère que vous voudrez
bien l'accepter en souvenir de nous & de notre affection.
Vous recevrez par ce même courrier une lettre d'une dame qui
est la soeur d'un Evêque mort aveugle mais qui avait étudié la
peinture à l'atelier de Paul Delaroche. J'ai été obligé d'ac-
cepter la lettre pour vous l'envoyer. Mais je tiens à vous dire
que je ne puis appuyer la demande de cette dame, pensant que
les oeuvres de son frère n'ont pas grande valeur.

Nous avons vu dans les journaux quelle réception grandiose
vous avez faite à Copenhague à nos marins. Nous qui connaissons
votre affection pour la France & votre coeur généreux nous
n'avons pas été étonnés mais profondément touchés de votre
accueil. L'amiral Gervais qui commande la division navale est
le frère du Général Gervais, un de mes amis d'enfance.
Nous voudrions bien avoir de vos nouvelles. Madame Jacobsen
est-elle tout à fait rétablie et les enfants sont-ils tous
bien? Vous serez bien aimables, l'un ou l'autre, en nous
écrivant quelques lignes.

Nous pensons quitter Paris le 2 ou le 3 Août pour aller d'abord
chez mon beau père dont les yeux se perdent, hélas, de plus en
plus et nous irons ensuite

passer un mois de repos à Biarritz. Je travaille de manière à
faire mouler la Jeanne d'Arc avant mon départ. Enfin!
Votre affectionné

P. Dubois