1891-10-08

Biarritz 8 Octobre 1891

Cher Monsieur et ami,

Nous sommes très heureux d'apprendre que vous êtes tous en
bonne santé, et nous espérons que l'été s'est très bien passé
pour Madame Jacobsen & vos enfants.
Quant à nous, après avoir fait un séjour près de mon beau père
dont la vue s'en va de plus en plus, nous sommes venus tous
quatre respirer ici l'air de la mer. Nous avons fait, Madame
Dubois, Louis et moi, une bonne visite au musée de Madrid &
nous avons laissé dans cette ville Louis qui va, avec un ami,
voir sommairement le sud de l'Espagne.
Nous quittons Biarritz lundi prochain pour revenir directement
à Paris, très contents de notre séjour ici.
Vous pensez bien justement que nous avons été profondément
affligé de la mort de notre ami le plus intime. Ce pauvre ami
Delaunay avait dîné avec nous à notre passage à Paris & bien
que nous eussions des craintes sérieuses pour sa santé, rien ne
pouvait nous faire prévoir que 3 jours plus tard il serait
emporté subitement. C'est un véritable deuil pour nous.
Il n'avait plus que des parents éloignés et je suis à peu près
certain qu'ils feront une vente de ce qui se trouve à son
atelier. J'aurai à ce sujet, des renseignements certains dès
mon retour car j'ai demandé déjà à notre cher ami commun, Quota
Moreau, de me tenir au courant parcelle je voulais acheter un
petit souvenir de son atelier. Ce petit souvenir ne pourra
porter ombrage à votre acquisition. Aussi je vous tiendrai au
courant de ce qui pourrait vous convenir, vous demanderai vos
instructions & me chargerai, si vous le désirez, de faire vos
propositions ou vos acquisitions.

Veuillez presenter à Madame Jacobsen les bien vives amitiés

de Madame Dubois & mes très respectueux hommages & croyez,
cher Monsieur et ami, à l'assurance de mes sentiments les plus
affectueux

P. Dubois