1891-08-16

le 16 Août 1891

Cher Monsieur & ami,

Je suis bien en retard avec vous. Nous avons été si touchés de
votre dernière lettre, touchés non seulement des marques
d'affection que vous nous donnez à chaque instant mais encore
de celle que vous avez pour notre pays & que vous avez si
généreusement témoignée à nos marins! J'ai vécu dans ces
derniers temps tellement absorbé par la Jeanne d'Arc qu'il
fallait livrer au fondeur que je n'ai pas eu une minute à moi.
Me voici libre et décidé à prendre un repos dont j'ai bien
besoin pour reprendre la cire que le fondeur doit me donner à
finir dans quelques mois. J'ai beaucoup travaillé pour peu
d'amélioration peut être, mais j'ai fait de mon mieux & j'es-
père que lorsque vous verrez le bronze à côté du plâtre vous
m'approuverez.

Nous sommes chez mon beau père depuis deux jours seulement
parce qu'il m'a fallu terminer un portrait d'enfant, qui
grandissait à vue d'oeil & que je ne pouvais faire à Paris. A
la fin du mois nous partirons pour Biarritz et reviendrons à
Paris au commencement d'Octobre.
L'aimable lettre de Madame Jacobsen ne nous parle pas des
santés. Nous en concluons qu'elles sont toutes bonnes. Ici,
nous ne sommes qu'a demi satisfaits de Paul qui est très
fatigué par un travail excessif.
Croyez, cher Monsieur & ami, à nos sentiments les plus affec-
tueux
P. Dubois